Réflexions sur les causes de la guerre au Liban

Gérard D. Khoury

« C'est du plus ignoble de l'homme que naît le combat contre l'ignominie, c'est du pire que naît le mieux, c'est du malheur que naît l'histoire, et c'est de la lutte que naissent les victoires. »

André Comte-Sponville.

Le 13 avril 1990 marquera la quinzième année du déclenchement de ce que l'on a appelé depuis, et tour à tour, « les événements », « la guerre civile », « les guerres » du Liban.

L'apparente et réelle complexité des causes de ce drame incite à la vigilance quant aux interprétations hâtives, et par trop conjoncturelles de ce qui se passe dans ce pays, sans évoquer les risques d'erreur que font courir les approches partisanes, simplificatrices et réductionnistes de l'événement

Depuis quinze ans, il a été beaucoup question du Liban dans les médias, mais cela aboutit paradoxalement à opacifier les données déjà passablement compliquées de la situation, quand cela n'a pas insensibilisé les personnes les mieux disposées à l'égard de ce pays. La saturation a succédé à l'indignation et à la consternation, au point que le bilan de la décennie présenté sur Antenne 2 en fin d'année dernière n'a pas cité le Liban, sauf à propos de la question des otages français et de leur libération, comme il a été fait silence sur le Salvador pour la même période de 1980-1990. A propos de la dictature en Argentine, Janine Puget écrit dans Violence d'État et Psychanalyse :

« Combien de temps l'appareil psychique peut-il supporter de vivre dans un état de menace » sans recourir au déni et à la soumission 37