L'IMMIGRATION ET LE PEUPLEMENT DES ÉTATS-UNIS
Jean-Claude CHESNAIS*
Les États-Unis ont connu un destin démographique sans pareil. Sur leur territoire actuel (cinquante États), dont la superficie représente 9,373 millions de km2, soit dix-sept fois l'espace français, la population est longtemps restée très clairsemée. D'après les estimations existantes, en effet, le nombre d'habitants est, jusqu'au XVIIe siècle, inférieur à 1 million d'habitants (Mac Evedy et Jones, 1978). Le peuplement ne concernait guère qu'une frange côtière le long de l'Atlantique et certaines régions du sud, situées dans le prolongement de l'Empire aztèque. C'est que, à la fin du XVIe siècle, l'expansion espagnole s'est d'ores et déjà arrêtée et qu'elle n'a pas débordé la frontière naturelle formée par le Rio Grande. Au nord, se trouvent ainsi d'immenses espaces vierges, presque vides d'hommes, et le contraste est fort par rapport aux civilisations précolombiennes du sud : que ce soit au cœur du Mexique (monde aztèque) ou dans l'espace andin (Empire inca), les conquérants espagnols rencontrent un patrimoine riche, bâti autour d'importants pôles de peuplement humain. Dans
* Institut national d'études démographiques, Paris.
Population, 54 (4-5), 1999, 611-634